Il y a des approches spirituelles dans lesquelles on demande à Dieu de nous montrer notre péché. Et il y a la réaction de la petite Thérèse, qui après avoir demandé à Dieu de lui montrer l’état de son âme, est tellement effrayée qu’elle demande à ne plus le voir!
Cette demande, « Montre-moi mon péché », avait tendance à me mettre mal à l’aise. J’ai en effet tellement conscience d’être pécheur – le péché consistant pour moi en l’absence d’amour – que je ne voyais pas la place pour une demande spécifique de ce type, qui me semblait bloquante, négative, et volontariste par rapport à mon souci d’être plutôt tourné vers l’accueil de l’amour et le développement de ce qui est positif.
Mais au fond il s’agit, par cette approche, d’atteindre une meilleure connaissance de soi-même: de franchir des étapes dans l’itinéraire spirituel. Des étapes il y en a sans cesse: évolution dans notre façon de prier, attitude meilleure dans les relations avec les autres, etc. L’approche directe par le péché peut parfois être utile.
Par cette approche on peut découvrir par exemple, même s’il s’agit d’aspects de la personnalité qui semblent intervenir peu, que l’on a en soi tel réflexe, tel sentiment, telle conviction, qui constitue une sorte de structure permanente inconsciente pouvant faire souffrir les autres à l’occasion, et bloquant certaines dimensions de notre développement spirituel.
Ce sont des « cadres cachés » de notre attitude quotidienne. En prenant conscience de tel ou tel de ces « cadres », on change d’un seul coup la perception que l’on a de soi-même. On perçoit certains réflexes intérieurs, certaines rigidités (« Assouplis ce qui est raide! »); ou encore des certitudes fausses, des égoïsmes inconscients.
On s’aperçoit que des choix sont possibles là où on croyait la voie déjà fixée.
Oui, Seigneur, montre moi mon péché!